Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé une petite « short story » 😉 En voici une spéciale « vacances »… Bonne lecture !

Préambule
Jules sortait avec Elodie depuis précisément huit mois. Il la connaissait depuis bien plus longtemps, mais jusqu’alors, elle avait toujours été une « bonne copine ».
Comment leur relation amicale avait-elle évolué en relation de couple ? Jules ne savait pas vraiment l’expliquer…une soirée entre amis un peu trop festive …un geste, un regard échangé et plus complice qu’à l’habitude…le décès prématuré d’une de ses cousines, qui l’avait profondément marqué, elle était si jeune, son décès avait été comme un électrochoc.
Ce qu’il savait, en revanche, c’était qu’il avait embrassé Elodie huit mois plus tôt et que depuis, ils étaient ensemble. Ce que cette relation signifiait exactement il n’en était encore pas très sûr, alors comme il ne voulait pas prendre de décision, il faisait ce que font les couples. Et cet été, ils allaient donc partir en vacances.
De toute façon, Elodie lui avait clairement fait comprendre que tel était son souhait. Mais où allaient-ils partir? Apparemment, c’était à lui d’organiser leur escapade…une preuve d’amour à donner sans doute…un moyen de rassurer Elodie et de lui montrer qu’il était engagé dans cette relation, comme il l’avait auparavant été dans leur amitié.
Elodie avait posé quinze jours de congés au mois d’août, il avait donc calé ses vacances sur les siennes, bien que partir au mois d’août ne soit en général pas sa tasse de thé…
Il se souvint qu’un de ses amis avait deux ans auparavant, loué une grande maison à Salina, l’une des îles éoliennes près de la Sicile. Il décida d’appeler cet ami pour récupérer les coordonnées du propriétaire.
Il espérait que la maison soit encore libre. Il n’avait pas du tout envie d’entamer de longues recherches…plus sa démarche serait facilitée, mieux il se sentirait. Partir en vacances en tête-à-tête avec Elodie lui semblait déjà suffisamment complexe !
Fort heureusement la maison était libre aux dates demandées, elle était un peu grande pour eux mais cela leur permettrait d’accueillir d’autres amis. De toute façon, pour lui l’affaire était réglée. Deux coups de fil et un virement bancaire pour la réservation avaient suffi. Une telle simplicité égaya sa journée.
***
Elodie et Jules étaient arrivés depuis le 10 août à Salina. Elodie n’aimait pas trop la chaleur et, accéder à la maison située en haut du village nécessitait quinze minutes de marche depuis le port, ce qui lui semblait déjà un effort considérable, mais, pour Jules, cette île était tellement charmante que rien ne lui semblait contraignant.
La dernière semaine de leur séjour, un groupe d’amis annonça sa venue. Le frère de Jules était venu la semaine précédente avec sa famille et cette visite les avait bien occupés, mais disons-le un groupe d’amis célibataires l’amusait davantage et était plus en phase avec son état d’esprit du moment.
La bande d’amis arriva dans la journée. Comme ils ne connaissaient pas tous Jules et Elodie, ils ne souhaitaient pas « envahir » leur maison. Ils décidèrent donc de les retrouver le soir sur le port pour aller boire un verre avant le dîner. Cela permettrait à tout le monde de se rencontrer et de faire connaissance.
Sans lien aucun avec tout ce petit monde, Pauline et Amandine, deux amies d’enfance, étaient elles-aussi en vacances sur l’île de Salina. Elles en étaient ravies car elles ne se voyaient pas très souvent. Amandine, depuis son mariage, habitait Milan. Et Pauline, célibataire, habitait Londres. Cette île était un peu leur repère, dès qu’elles en avaient l’occasion, elles y passaient quelques jours de vacances.
Alors qu’elles rentraient de la plage, elles croisèrent Romuald et Jean, deux connaissances de Pauline, lorsqu’elle habitait Paris. Décidément, elles qui pensaient être tranquille, elles se rendaient compte, qu’une fois de plus, le monde était petit ! Romuald et Jean faisaient une croisière avec six autres personnes, trois filles et trois garçons, tous célibataires. Ensemble, ils avaient fait un tour dans plusieurs îles éoliennes, notamment les îles Egades et Pantelleria, et ils étaient arrivés dans la matinée à Salina, leur dernière étape.
Comme ils avaient prévu de retrouver le reste de leur groupe dans un café sur le port, ils proposèrent à Pauline et Amandine de les rejoindre dans la soirée. Pauline et Amandine acceptèrent mais seulement pour boire un verre. En effet, elles préféraient dîner de leur côté. En fait, elles n’avaient pas très envie de se mêler à un groupe aussi nombreux et déjà constitué.
Lorsqu’Amandine et Pauline arrivèrent au café, ils étaient tous déjà installés. Pauline se dirigea directement vers Romuald qu’elle connaissait bien et qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps.
Amandine, quant à elle, ne connaissait personne, elle salua donc chaque membre du groupe pour se présenter. Elle qui n’avait pas la mémoire des noms, était certaine de ne pas se rappeler de leurs prénoms, une fois son tour de table achevé, mais tant pis, c’était plus courtois et plus agréable et, cela lui permettrait également de repérer, plus subtilement, où elle pourrait s’asseoir.
La seule place libre était située à la gauche d’un certain Jules. Cela tombait bien car il était assis en face de Jean, qu’elle avait brièvement rencontré avec Pauline un peu plus tôt. Amandine se présenta pour lancer la conversation puis elle demanda à Jules depuis quand il était arrivé à Salina, puisqu’il semblait ne pas faire partie de la croisière.
Il lui parla d’une maison qu’il avait louée, de son frère qui était venu la semaine précédente. Tout à coup, Elodie, qui était assise à droite de Jules, lui coupa la parole et demanda à Amandine, si elle connaissait des amis à elles, qui habitaient également Milan. Comme Amandine ne les connaissait pas, Elodie eut subitement l’air agacé. Amandine fut un peu surprise de sa réaction.
Mais sans attendre et sans s’appesantir sur la réaction de sa voisine, Jules reprit sa conversation avec Amandine. Ils parlèrent de l’Italie, de l’Europe, de la crise économique. Jules semblait très au courant de l’actualité et cela convenait bien à Amandine, qui préférait ne lui poser aucune question personnelle.
De temps en temps, Elodie interférait mais décidément, Amandine et elle, ne se comprenaient pas. De manière plus sympathique, Jean intervenait lui-aussi dans la conversation, mais il est vrai que c’était plutôt Jules et Amandine, qui menaient la discussion.
Elodie annonça que le groupe allait partir dîner. Ils avaient en effet réservé une table dans l’une des charmantes trattorias de l’île. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever, Jules dit qu’il souhaitait rester encore quelques minutes au café et qu’il les rejoindrait plus tard.
Elodie n’avait pas l’air très contente et se rassit. Cinq minutes plus tard, elle réaffirma son envie de partir avec le groupe et Jules confirma son souhait de rester et de les rejoindre dans un moment.
Amandine ne comprenait pas ce qui était en train de se jouer entre ces deux-là. Heureusement, Pauline la rejoint puisque Romuald se levait aussi pour partir avec le groupe. Ils se retrouvèrent donc tous les trois. Amandine présenta Pauline à Jules et celui-ci continua à discuter avec elles comme si de rien n’était.
Dix minutes plus tard, tous les trois décidèrent à leur tour d’aller dîner. Amandine fut soulagée d’avoir annoncé dès le départ qu’elles iraient dîner ensemble avec Pauline, de manière séparée du groupe. Ne connaissant pas les liens entre les différents amis, cette ambiance lui semblait un peu confuse. Peut-être Pauline en saurait-elle plus ?
Alors que Jules partait de son côté, les deux amies se dirigèrent vers l’un des restaurants qu’elles appréciaient particulièrement avec une superbe vue sur la mer et sur le volcan du Stromboli. Elles échangèrent rapidement leurs impressions sur le groupe. Puis, elles profitèrent ensuite de leur soirée. Le dîner fut délicieux et surtout très sympathique. Elles avaient bien fait de s’organiser leur soirée toutes les deux.
Alors qu’elles rentraient à leur hôtel, qui virent-elles arriver ? L’ensemble du groupe qui souhaitait aller danser. Jules s’arrêta et leur indiqua où ils allaient. Amandine et Pauline ne souhaitaient pas les accompagner et leur souhaitèrent une belle fin de soirée. Jules leur dit d’un ton enjoué : de toute façon, on se voit demain ! Elodie sembla s’impatienter. Tous s’éloignèrent.
Le lendemain matin, Pauline se réveilla assez tôt. Pour ne pas réveiller Amandine, elle décida d’aller prendre son petit déjeuner sur le port. Il était désert à cette heure matinale, seuls quelques cafés commençaient à ouvrir. Elle appréciait ces moments de calme avant que l’activité du port ne s’accélère avec l’arrivée des touristes, qui affluaient chaque jour par bateau.
Heureusement, Salina ne disposait pas de beaucoup d’hébergements et une fois les bateaux repartis avec les touristes de la journée, il ne restait sur l’île que ses habitants et les quelques touristes qui avaient trouvé à se loger.
Amandine se réveilla à son tour et se préparait pour rejoindre Pauline. A peine fut-elle sortie de son hôtel, qu’elle entendit un bruit derrière elle. Elle se retourna.
Quelle ne fut pas sa surprise de voir Jules marcher derrière elle. Elle lui sourit et s’apprêtait à le saluer lorsque celui-ci lui tourna le dos, l’air gêné ! La situation était carrément ridicule car il se trouvait à regarder… un mur blanc ! Même si Amandine trouvait ce comportement étrange, elle se dit qu’il avait peut-être passé une mauvaise nuit ou qu’il ne l’avait pas reconnue. Elle n’insista pas et préféra continuer son chemin.
Elle était néanmoins troublée. Elle ne voyait pas ce qui avait pu se produire entre hier soir et ce matin pour susciter un tel changement de comportement de la part de Jules.
Mais elle n’avait pas le temps de creuser le sujet, il fallait qu’elle se dépêche car avec Pauline, elles avaient prévu de prendre un bateau pour aller sur une plage inaccessible à pied, qu’elles ne connaissaient pas encore.
Leur journée se déroula à merveille. Salina était vraiment une île magnifique qui avait su préserver son environnement, la mer était transparente et les paysages verdoyants et très naturels.
Après la plage, en fin d’après-midi, de retour sur le port, elles décidèrent d’aller boire un jus de fruit frais dans un petit bar au bord de l’eau. Cet endroit était prisé en fin de journée, car on pouvait y admirer le coucher de soleil et l’ambiance y était très décontractée.
Alors qu’elles parlaient assises face à la mer et toujours face au Stromboli, Romuald arriva derrière elles, il les salua et leur dit que le reste du groupe allait arriver progressivement. Une fois installés, Romuald demanda à Pauline de les prendre tous en photo. Elle accepta volontiers mais Elodie ne voulait pas être sur la photo…les autres insistèrent. Décidément cette fille semblait toujours si compliquée !
Une fois la photo prise, Pauline et Amandine reprirent leur conversation. Elles leur tournaient le dos mais elles étaient de toute façon très concentrées sur ce qu’elles avaient à se dire et n’avaient pas envie de se préoccuper de ce qui se passait derrière elles.
Alors qu’elles se levaient pour partir, elles les saluèrent collectivement et se rendirent compte que Jules avaient rejoint ses amis. Pourtant, une fois de plus, il n’avait pas salué Amandine et Pauline.
Elles ne savaient pas s’il les avait vues mais de toute façon, elles n’avaient pas envie de s’attarder. Sur le chemin du retour à leur hôtel, elles se demandèrent néanmoins ce qui pouvait expliquer son changement d’attitude, lui qui avait été si ouvert la veille semblait tout à coup bien étrange. Ce matin, il avait clairement ignoré Amandine et maintenant qu’en était-il ? Les avait-il vues ou avait-il fait semblant de ne pas les voir ?
Peut-être que, d’ici demain, elles auraient des réponses. Le groupe rentrait le lendemain sur Palerme. Il restait donc toute la soirée voire même une partie de la journée du lendemain !
Le soir même, elles décidèrent d’aller dans cette fameuse trattoria. A priori, elles étaient sûres que les autres ne dînaient pas au même endroit, étant donné qu’ils y étaient déjà allés la veille. Leur stratégie avait fonctionné, personne à l’horizon. Elles dînèrent joyeusement.
En rentrant à leur hôtel, alors qu’elles passaient par les petites rues derrière le port, elles virent Romuald et Jean attablés dans un petit restaurant et accompagnés des trois jeunes femmes du groupe. Ils avaient l’air détendu et semblaient plus ouverts à la discussion que les fois précédentes.
Amandine et Pauline constatèrent que Jules et Elodie n’étaient pas avec eux mais elles n’en firent pas mention. Pauline avant de partir s’étonna simplement du fait qu’ils étaient moins nombreux qu’à l’accoutumée. Romuald et Jean s’écrièrent en coeur et avec un petit sourire, qu’Elodie et Jules étaient partis dîner de leur côté … «en amoureux» !
Les deux amies se regardèrent. Quel scoop ! Parmi toutes leurs suppositions, aucune des deux n’avaient pas imaginé une seconde qu’ils étaient ensemble. Ils semblaient tellement différents.
Dire qu’Amandine avait imaginé que Jules pourrait devenir un prétendant possible pour Pauline. Elle s’était bien trompée.
Mais, pourquoi Jules n’avait-il pas été clair lors de la première soirée sur sa relation avec Elodie ? En fait, cela n’était plus leur problème. Elles avaient maintenant l’information essentielle et en quelque sorte, leur explication au comportement changeant de Jules et aux réactions souvent abruptes d’Elodie.
Ce qu’elles avaient pris au départ pour une réaction d’amis en vacances, n’ayant pas forcément très envie de composer avec des personnes extérieures à leur groupe d’amis, était en fait davantage une simple réaction de jalousie.
Ce qu’elles ne comprenaient pas en revanche, c’est ce qui avait pu la provoquer.
Elles n’en sauraient rien. Le lendemain, lorsqu’elles se rendirent sur le port, le bateau vers Palerme venait de partir, cette fois c’était sûr, elles étaient enfin tranquilles. La plage et la mer turquoise de Salina leur tendaient les bras.
© LeCarnetdeDameCatherine-2015
Ben? la suite?…
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J’ai tellement de suites à écrire ma Flo (Caroline et Alban sont bloqués sur un pont parisien, Jules et Elodie sur une île sicilienne 😉 Bises
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Belle plume: j’étais captivée par ton histoire lol 👏👍😊
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Merci May for you pour ce joli compliment !! Et bien sûr tu peux lire celles que j’ai écrites précédemment dans la rubrique Short stories 😉 A bientôt 🙂
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le « roman » de l’été! 🙂 bravo !
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Merci Anne Sophie 😉 Promis tu seras invitée à la remise des prix 😉
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